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La FSF condamne le partenariat entre Mozilla et Adobe en vue de gérer les dispositifs de « gestion numérique des restrictions » (DRM)

Par wtheaker Published on 27/05/2014 16:37

En réponse à l'annonce de Mozilla concernant l'adoption des DRM (Digital Restrictions Management – « gestion numérique des restrictions », « menottes numériques ») dans son navigateur web Firefox, le directeur exécutif de la Free Software Foundation, John Sullivan, déclare :

Une semaine seulement après la Journée internationale contre les DRM, Mozilla a annoncé son partenariat avec Adobe pour mettre en œuvre dans son navigateur Firefox la gestion numérique des restrictions opérant sur le web, par le biais d'« extensions pour médias chiffrés » (EME – Encrypted Media Extensions)

La Free Software Foundation est profondément déçue par l'annonce de Mozilla. Cette décision met à mal des principes importants dans le but de calmer la peur infondée d'une perte de parts de marché sur le créneau des navigateurs. Elle associe Mozilla avec une société hostile au mouvement du logiciel libre et aux idéaux qui ont présidé à la création de Mozilla.

Bien que Mozilla ne fournisse pas directement l'extension privatrice d'Adobe, la version officielle de Firefox encouragera les utilisateurs à l'installer à partir du site d'Adobe quand un média pourvu de menottes numériques se présentera. Nous sommes d'accord avec Cory Doctorow pour estimer qu'il n'y a pas de différence significative entre « installer un DRM » et « installer le code qui installe un DRM ».

Mozilla fait ceci à contre-cœur, nous en prenons acte, et avons une plus grande confiance en ces propos lorsqu'ils viennent de Mozilla que lorsqu'ils viennent de Microsoft ou d'Amazon. Cependant presque tous ceux qui implémentent des DRM disent qu'ils le font contraints et forcés ; c'est par suite de ce défaut de responsabilisation que la pratique se perpétue. L'annonce d'aujourd'hui met malheureusement Mozilla – sur ce plan – dans la même catégorie que ses concurrents privateurs.

À la différence de ses concurrents privateurs, Mozilla fait de gros efforts pour réduire certaines des nuisances spécifiques aux DRM en essayant de mettre l'extension en quarantaine dans un « bac à sable ». Mais cette approche ne peut résoudre ni les problèmes éthiques fondamentaux du logiciel privateur, ni les problèmes qui surgissent inévitablement lorsque du logiciel privateur est installé sur l'ordinateur de l'utilisateur.

Dans cette annonce, Mitchell Baker assure que Mozilla avait les mains liées. Mais elle poursuit en faisant l'éloge de la « valeur » d'Adobe et suggère qu'un certain équilibre est nécessaire entre la gestion numérique des restrictions et la liberté de l'utilisateur.

Il n'y a rien de nécessaire dans les DRM, et il est choquant d'entendre Mozilla faire l'éloge d'Adobe, cette société qui depuis toujours s'oppose farouchement au mouvement du logiciel libre et au web libre. Avec la mise en place de ce partenariat, nous doutons que Mozilla continue à avoir la capacité et la volonté de critiquer les pratiques d'Adobe.

Nous comprenons que Mozilla a peur de perdre des utilisateurs. Cory Doctorow fait remarquer qu'elle n'a présenté aucune donnée étayant ses frayeurs, et n'a fait aucun effort pour étudier la situation. Plus important, la popularité n'est pas une fin en soi. C'est particulièrement vrai de la Fondation Mozilla, association sans but lucratif ayant une mission éthique. Par le passé, Mozilla s'est distinguée et a obtenu le succés en protégeant la liberté de ses utilisateurs et en expliquant l'importance de cette liberté – par exemple en publiant le code source de Firefox, en permettant aux utilisateurs de le modifier, et en maintenant les standards du web face aux tentatives d'imposer des extensions privatrices.

La décision d'aujourd'hui chamboule complètement cette stratégie, en affectant les ressources de Mozilla à la livraison d'utilisateurs, pieds et poings liés, à Adobe et à des distributeurs de médias hostiles. Du coup Firefox est en train de perdre son identité, de perdre ce qui le différencie de ses concurrents privateurs Internet Explorer et Chrome, tous deux pourvus d'implémentations encore pires des extensions pour médias chiffrés.

Il y a sans aucun doute un certain nombre d'utilisateurs qui veulent juste pouvoir accéder dans Firefox à des médias à accès restreint comme Netflix, et ils ne seront pas contents si ce n'est pas possible. Ce n'est pas surprenant, puisque la majorité de la population dans le monde ne connaît pas encore les problèmes éthiques qui concernent le logiciel privateur. Ce débat était, et est encore une occasion en or de présenter ces concepts aux utilisateurs, et de leur demander d'agir de manière solidaire face à des décisions difficiles.

Voir Mozilla faire un compromis sans faire aucun effort public pour liguer les utilisateurs contre cette soi-disant « solution incontournable » est doublement regrettable. Elle devrait revenir sur sa décision. Mais qu'elle le fasse ou non, nous l'invitons à nous rejoindre en affectant autant de ses importantes ressources à l'élimination définitive des menottes numériques, qu'elle en affecte maintenant à leur gestion. La FSF aura d'autres annonces et d'autres actions à faire dans les jours à venir. Pour l'instant, voici ce que vous devez faire si vous vous sentez concerné par ce problème :

  • Écrivez au directeur technique de Mozilla, Andreas Gal, pour lui faire savoir que vous vous opposez aux menottes numériques. Mozilla a pris cette décision dans un appel malavisé à sa base d'utilisateurs ; elle doit entendre la voix de ceux de ses utilisateurs qui se sentent trahis, en termes clairs et raisonnés. Demandez à Mozilla ce qu'elle compte faire pour résoudre le problème de menottes numériques qu'elle a créé par sa fausse solution incontournable.

  • Rejoignez-nous dans notre action pour empêcher le W3C de valider les EME. L'annonce d'aujourd'hui est une preuve de plus que le rejet des EME par le W3C n'arrêtera pas leur implémentation, toutefois elle indique clairement que le W3C peut rejeter les EME sans crainte pour faire passer le message que les DRM ne font pas partie du web libre.

  • Utilisez une version de Firefox sans le code EME : puisque son code source est disponible sous une licence qui permet à chacun de le modifier et de le redistribuer sous un nom différent, nous prévoyons la publication de versions dépourvues d'EME ; utilisez-les de préférence à Firefox. Nous les mettrons dans le répertoire du logiciel libre.

  • Faites un don pour soutenir le travail de la Free Software Foundation et notre campagne Defective by Design pour arrêter les DRM. Tant qu'ils ne sont pas complètement éliminés, Mozilla et d'autres seront en permanence tentés de capituler, et les utilisateurs seront poussés à continuer d'utiliser du logiciel privateur. Si vous ne le faites pas à notre intention, faites un don à un autre groupe qui lutte contre les restrictions numériques.

Références

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